Au début de l’année 2020, la plupart des pays commençaient à prendre les premières mesures sanitaires en raison de la pandémie de COVID-19. A cette même période, le Nord-Ouest de la Syrie a connu plusieurs épisodes de bombardements et combats intenses ; depuis, si les opérations militaires sont moins marquées, les 4.2 M de personnes habitant cette zone subissent des conditions de vie toujours aussi difficiles, aggravées par la pandémie. Parmi elles, 2.7 M sont déplacés, et 1.5M d’entre elles vivent dans l’un des 1160 camps de réfugiés de la région.
Télécoms Sans Frontières soutient les soignant(e)s de l’UOSSM (Union des Organisation Syriennes de Secours Médical) dans leur travail quotidien auprès des populations du Nord-Ouest de la Syrie, via des connexions satellitaires. 10 centres de santé primaire, hôpitaux ou centres de coordination bénéficient de cette connectivité ; parmi eux, 4 ont été relocalisés ou ouverts au cours du premier semestre 2020 en raison de l’instabilité et des bombardements. Au cours de l’année 2020, plus de 260 000 patients ont pu bénéficier d’une consultation dans ces centres.
Pour les personnels médicaux comme Alaa Ali, agent de terrain pour la santé mentale et psycho-sociale (SMSPS), la disponibilité de la connexion est essentielle : « Les communications sont très utiles dans notre travail quotidien, et notamment dans la période que nous traversons. En effet, nous avons dû trouver des moyens pour éviter les salles d’attentes surchargées, et proposer des services à distance. Par exemple, nous avons ouvert un accueil téléphonique qui propose des consultations de soutien psycho-social à distance ». De fait, de nombreux Syriens souffrent de troubles psychologiques, conséquences des traumatismes subis pendant le conflit qui dure depuis presque 10 ans ; cet assistance est donc essentielle pour leur santé. Ces appels se déroulent principalement via WhatsApp grâce à la connexion TSF. En effet, le réseau GSM n’est pas disponible partout, mais des points d’accès Wi-Fi sont accessibles dans la plupart des camps et des villages. Ces services à distance évitent les concentrations de patients à l’hôpital spécialisé en SMSPS, situé à Sarmada (près de la frontière turque), tout en leur permettant d’accéder aux soins dont ils ont besoin.
Dans un objectif similaire, d’autres services ont pu être mis en place pour maintenir l’accès aux soins tout en réduisant les risques de transmission du COVID-19. C’est ce que nous explique Hani Bakhouri, responsable projet pour les centres de santé primaire : « Internet joue un rôle majeur dans tous les contextes humanitaires. Récemment, l’un des usages particulièrement important a été la mise en place de prise de rendez-vous [via Whatsapp] pour les soins courants, ce qui a permis de désengorger les files d’attente dans les centres de santé. »
Au cours de l’année 2020, plus de 3 TB ont été échangés sur les connexions médicales de TSF en Syrie. Ces 3 TB n’ont pas fait cesser la guerre, ni guéri les malades ; pourtant, nous savons que ces 3 TB ont porté les voix de ces personnes en détresse psychologique, pour recevoir l’écoute et les conseils dont ils ont tant besoin ; ils ont permis de renforcer la protection contre le COVID-19, tout en conservant l’accès aux soins pour les familles, les enfants, qui vivent dans des conditions terribles, et luttent contre le froid, les inondations... Et surtout, luttent pour survivre à cette guerre qui les dépasse, et broie leur vie injustement.