« Nous étions au courant de la situation au Venezuela et de toutes les difficultés auxquelles la population était confrontée », se rappelle Marta Moreton, cheffe de mission au Brésil, « nous avons alors essayé de contacter des organisations locales pour évaluer les besoins de la population migrante arrivant dans le nord du pays. Mais il était difficile d'obtenir des informations précises, car l'aide humanitaire dans cette région n'était pas aussi développée qu'aujourd'hui et il n'y avait pas beaucoup d'interlocuteurs auprès desquels obtenir des renseignements ».
En avril 2018, TSF a donc décidé de se rendre sur place afin d’effectuer sa propre évaluation « Lorsque nous sommes arrivés sur le terrain, nos craintes ont été confirmées : de nombreux migrants avaient perdu ou vendu leur téléphone, d'autres avaient été volés. Pour ceux qui disposaient encore d'un appareil pour communiquer, ils avaient du mal à payer les coûts élevés pour appeler le Venezuela ».
Un an plus tard, le témoignage de Yirxon confirme toujours l’urgente nécessité de la mission de TSF « Mon père vit à Boa Vista depuis six mois et la seule chose que j’avais était le numéro de téléphone de l'entreprise où il travaille » nous confie ce jeune homme de 21 ans qui a voyagé seul pour rejoindre son père. Grâce au service fourni dans le centre d'appels d'urgence de TSF, non seulement il a réussi à le retrouver, mais il a également décroché un nouvel emploi. « J'ai appelé l’entreprise et ils m'ont dit que mon père était bien là. Lorsque je me suis rendu là-bas pour le voir, le responsable m'a également proposé un emploi ».
« L’émotion qu’ils expriment en appelant leur famille est quelque chose qui m'a vraiment touchée », renchérit Marta. Mais elle nous confie aussi que ce qui l'a encore plus marquée, ce sont tous les témoignages des bénéficiaires des appels fournis par TSF au sujet de leur voyage du Venezuela vers le Brésil, des raisons pour lesquelles ils ont dû quitter leur pays et tous les problèmes auxquels ils ont été confrontés.
Depuis avril 2018, des milliers d’histoires comme celle de Yirxon ont été possibles grâce au travail de TSF dans la région. En partenariat avec le HCR, les 18 centres d’appels d’urgence installés dans les villes de Boa Vista, Pacaraima ou plus récemment Manaus, ont favorisé la mise en place de près de 850 opérations de téléphonie humanitaires. Une chance pour ces Vénézuéliens de contacter leurs familles, chercher du travail ou mener à bien les tâches administratives nécessaires à la régularisation de leurs situations.
Après la récente crise politique qui a touché le pays au mois de février dernier, la situation des Vénézuéliens dans ou en dehors de leur pays reste instable. Un an après le début de notre mission, les centres d’appel d’urgence de TSF sont toujours plus utiles…