Plus de 4 mois sont passés depuis l’explosion au port de Beyrouth ; l’accident n’est plus dans les titres des journaux, mais les cicatrices restent. Les plus visibles : celles sur les bâtiments, les rues, les voitures, les monuments, qui ont été partiellement endommagés ou complètement détruits, ainsi que les moins visibles : dans les esprits des habitants de Beyrouth. Une nouvelle unité psychologique gérée par l’organisation locale BeBrave a été incluse au centre d’appels mis en place par TSF en collaboration avec Live Love Lebanon, pour aider la population de Beyrouth à surmonter ce moment difficile, non seulement en reconstruisant leur vie matérielle, mais aussi en prenant soin de l’aspect émotionnel.
« Suite à une catastrophe, beaucoup de personnes ont tendance à considérer leurs besoins psychologiques comme secondaires, et ils estiment que leur sentiments ne sont pas valides car ils ont survécu la catastrophe et se disent : ‘il y a beaucoup de personnes dans des situations bien plus difficiles’. Mais la vérité est que tous les sentiments sont valides , et même ceux qui ne sont pas affectés directement par l’explosion ont été traumatisés, et tous ont droit à être écoutés et à avoir quelqu’un qui prend soin d’eux, et c’est là que notre action entre en jeu », nous explique un volontaire de BeBrave.
Les équipes de BeBrave utilisent le système d’appels de TSF pour répondre à ce besoin moins visible mais essentiel. Ils offrent un Premier Secours Psychologique ainsi qu’un Soutien Psycho-social et de Santé Mentale, en donnant aux victimes un espace de confiance où exprimer leurs émotions. Ils mettent en contact les bénéficiaires avec des ONG spécialisés et des psychologues ou psychiatres si nécessaire. « Au début c’était difficile pour nous de contacter les victimes avec nos numéros de téléphone personnels, mais maintenant c’est beaucoup plus facile et plus efficace ». Grâce au centre d’appel de TSF et Live Love Lebanon, le travail des volontaires est plus sûr et plus efficace : « Le système est bien adapté, parce qu’il permet l’anonymat nécessaire aux volontaires. Il améliore notre assistance car il rend la relation plus professionnelle. Cela rend la relation plus saine et assure aussi notre vie privée ».
Ces appels sont vraiment importants pour les victimes de l’explosion et pour les habitants de Beyrouth, parce que l’accident au port s’est produit dans un contexte économique et social déjà éprouvant. Grâce à cette assistance psychologique, ils peuvent s’ouvrir et exprimer leurs ressentis en confiance, avec des professionnels qui peuvent les aider à surmonter ce moment difficile. Comme expliqué par l’un des volontaires : « Entendre dire par des bénéficiaires qu’ils n’ont pas pu exprimer leurs émotions même avec leurs proches, mais se sont sentis de le faire avec moi et me remercier pour cela a été très touchant, et a montré l’importance de l’écoute et de la compassion sans jugement ».
De plus, ces appels ne sont pas seulement un soutien psychologique important pour les bénéficiaires, mais aussi pour les volontaires : « J’ai été capable d’aider les autres alors que moi-même je n’avais plus d’espoir après l’explosion, ce qui m’a fait reprendre confiance en moi et espoir dans la société et dans les jeunes autour de moi » nous explique l’un des volontaires, et un autre poursuit : « Ce que j’aime le plus, c’est que même au vu de toutes les difficultés qu’il y a aujourd’hui au Liban, je suis capable de prendre contact avec des personnes en détresse, et les aider à changer leur vie en mieux. Grâce à un appel, je peux prendre contact avec une autre personne qui peut aussi avoir perdu l’espoir et avoir juste besoin de quelqu’un qui l’écoute ».
Redonner à la population de Beyrouth une voix, leur permettre la possibilité d’être écoutés, les aider à soigner les cicatrices causées par l’accident, tant matérielles que psychologiques ; c’est tout cela que TSF fait aujourd’hui à Beyrouth, en collaboration avec ses partenaires locaux. Et c’est cela que TSF continuera à faire dans les mois à venir, pour s’assurer que les personnes affectées par cette tragédie ont les moyens de reconstruire leur vie.