De l’aide alimentaire à l’aide technologique pour mieux communiquer aux quatre coins de la Terre, personne n’y avait pensé avant eux !
Jean-François Cazenave, Monique Lanne-Petit, Robert Chassagnieux : trois amis, l’envie d’aider les autres, mais sans trop savoir comment. C’est un peu comme ça que l’aventure a démarré. L’indifférence générale face au massacre des réfugiés kurdes en Irak en 1991 révolte Jean-François et il décide qu’il est temps d’agir. C’est à ce moment qu’il mobilise ses amis et le mois de mars 1991 devient le point de départ d’un engagement humanitaire qui, dès lors, ne s’arrêtera plus. Ensemble, ils créent l’association Solidarité Pyrénéenne pour le peuple Kurde destinée à recueillir des dons, des vêtements et de la nourriture. La détermination des bénévoles les amènent à s’assurer de la bonne distribution des biens apportés. Les rencontres avec ces populations qui avaient été obligées de quitter dans l’urgence leur foyer, et confrontées à un sentiment de totale indifférence, constituent les prémices de l’histoire de TSF.
Solidarité Pyrénéenne pour le Peuple Kurde devient Solidarité Pyrénéenne, dans l’espoir de poursuivre d’autres actions ailleurs. Quelques mois plus tard, l’association est à nouveau sur le terrain suite à l’invasion de la Slovénie et de la Croatie par les troupes de l’armée populaire yougoslave. De septembre 1992 à 1995, 56 convois humanitaires partiront de Pau (France) jusqu’à Posusje, en Bosnie, où l’aide est acheminée.
« Les gens qui affluaient jusqu’à nous sortaient tous de leurs chaussures des papiers sur lesquels étaient inscrits un ou plusieurs noms et numéros de téléphone. lls nous demandaient de contacter leur proche basé à l’étranger”» se souvient Jean-François, Président de TSF,« mais nous ne pouvions pas continuer à téléphoner à tous ces contacts à notre retour en France ». Le besoin était identifié. « S’ils parvenaient à contacter leurs proches aux quatre coins du monde, ils deviendraient prioritaires aux yeux de leurs familles qui mettraient tout en œuvre pour les aider ». Mais le téléphone portable n’existe pas encore, le seul moyen existant à l’époque sont les téléphones satellitaires. Solidarité Pyrénéenne parvient à s’en procurer un modèle compact et facilement transportable grâce au soutien de la ville de Pau (Sud-Ouest de la France), où est née l’association.
Juillet 1998, au Kosovo, les populations fuient les massacres de Milosevic, dirigeant serbe. Solidarité pyrénéenne décide d’intervenir en Albanie, le long de la frontière kosovare. « Au pied de la montagne, la Croix Rouge et les organisations caritatives étaient déjà là pour leur porter secours. Mais à notre grande stupéfaction, c’est vers nous que les déplacés affluaient pour téléphoner. Ce que nous avions imaginé, se vérifiait sous nos yeux : leur besoin de communiquer était bien réel, et aussi vital que de se nourrir ou de se faire soigner », raconte Jean-François. Huit jours plus tard, les premiers véhicules étrangers arrivent de France, d’Allemagne, du Royaume-Uni, d’Autriche ou plus loin pour récupérer leurs proches. L’équipe crée Télécoms Sans Frontières (TSF).
Avril 1999, Solidarité Pyrénéenne repart en Macédoine et s’installe au Nord de Skopje, où plus d’un million de personnes viennent d’être expulsées par Milosevic. Elle installe son seul et unique téléphone satellite au beau milieu d’un champ, tandis qu’une file d’attente gigantesque de réfugiés se forme sur plus d’un kilomètre. Ils veulent tous téléphoner ! « On venait d’inventer les premières télécommunications humanitaires ! » se souvient Jean-François.
Créée en juillet 1998 au retour du Kosovo, TSF prend la suite de Solidarité Pyrénéenne en avril 1999. À compter de cette période, l’association devient l’ONG spécialisée dans les télécommunications d’urgence humanitaire. Progressivement, les fondateurs quittent leurs emplois précédents pour se consacrer pleinement au développement de l’ONG. De 1999 à 2021, TSF s’est mobilisée sur plus de 150 crises majeures, offrant des moyens de communication à plus de 20 millions de bénéficiaires et plus de 850 organisations humanitaires locales et internationales.
Aujourd’hui, après 30 ans d’action humanitaire des fondateurs, TSF poursuit sa mission pour protéger et assister les personnes affectées par une crise humanitaire grâce aux télécommunications et aux nouvelles technologies. Dans ces situations, ces moyens peuvent leur permettre de retrouver une perspective de vie.