Au cours des 30 dernières années, le nombre de migrants depuis l'Amérique Centrale a augmenté de 137%, passant de 6,82 millions à près de 16,2 millions. Seulement au Mexique, au cours du premier semestre 2022, 58 642 personnes ont demandé l'asile, soit une augmentation de 14,88% par rapport à la même période en 2021, selon un rapport de la Commission Mexicaine d'Aide aux Réfugiés (COMAR). Ces 58 642 demandes ont été faites par des personnes originaires de 105 pays, avec le Honduras, le Guatemala et l’Haïti parmi les nationalités les plus fréquentes. Cette aggravation continue de cette crise migratoire rend essentiel un effort d’élargissement du projet, au Mexique, mais aussi dans d'autres pays de la région.
La situation des migrants étant en constante évolution, TSF améliore aussi la qualité des contenus diffusés. Nous travaillons actuellement sur la création d'une base de données des services offerts par chaque centre, tels que des consultations avec un psychologue, l'accès à une liste d'emplois temporaires locaux ou une assistance juridique pour les réfugiés. Cet accompagnement durant leur parcours leur permet d’avoir toutes les informations dont ils ont besoin et d’apporter une protection en évitant qu'ils se sentent seuls et vulnérables. L’accès à ces informations leur permet aussi de prendre des décisions éclairées tout au long de leur voyage.
Lors d’une récente visite, notre équipe a rencontré Sofia (son nom a été modifié pour protéger son identité) au centre d’accueil de Casa Nicolas à Guadalupe, au Mexique. Elle nous a confié une partie de son histoire : après avoir échappé à la violence et à l'extorsion au Honduras, elle a quitté son pays en voyageant dans une caravane avec d'autres migrants. Avec ses deux filles et ses trois frères, ils ont traversé plusieurs villes jusqu'à ce qu'ils atteignent Guadalupe. Là, ils ont trouvé refuge à Casa Nicolás et y sont restés un certain temps. C'est là que Sofia a vu les informations diffusées par TSF, et qu'elle a pris connaissance des dangers de traverser la frontière, surtout lorsqu'on voyage avec des mineurs. Par conséquent, elle a décidé de rester et demander asile.
« Quand j'ai vu l'écran, j'ai commencé à analyser la situation, j'ai vu des informations de la COMAR et j'ai décidé qu'il valait mieux rester ici. Ce que nous voulons, c'est survivre. J'ai réalisé à quel point on est en danger sur le chemin de la frontière depuis Monterrey ». Tous les membres de sa famille sont désormais des résidents permanents au Mexique : ils se sont installés à Monterrey et n'ont pas l'intention d'aller aux États-Unis. Sofia travaille actuellement à Casa Nicolás comme cuisinière et elle regarde l'écran de temps en temps : « Je pense que l'écran est excellent, les avertissements, les informations sont très pertinentes. J'ai vu une nette amélioration des informations, surtout les conseils pour les voyageurs. J'aimerais que davantage de centres d'hébergement soient équipés de ces écrans ».
Les mots de Sofia sont une grande motivation pour nous, non seulement pour continuer à travailler et à améliorer les informations diffusées, mais aussi pour continuer à élargir le projet. Des centaines de milliers de personnes empruntent chaque année la route du Mexique, affrontant des dangers et incertitudes quant à leur avenir. De nombreux migrants quittent leur pays en urgence en raison de la violence locale et du manque de perspective économique. En leur fournissant des informations sur leurs droits, leur sécurité et les procédures administratives, nous leur donnons les outils nécessaires pour surmonter les obstacles qu'ils rencontrent tout au long de leur parcours. Cela leur donne l'espoir qu'une meilleure qualité de vie n'est pas seulement possible, mais qu'elle est un droit naturel. Dans cette situation migratoire instable et incertaine, ce changement d’état d’esprit rend les réfugiés moins vulnérables aux risques qu’ils rencontrent chaque jour.
Améliorer la situation des migrants est considérée par tous comme une urgence humanitaire. Le nord de l'Amérique centrale est défini par l'Agence des Nations Unies pour les Réfugiés comme l'un des endroits les plus dangereux de la planète. La violence, la pauvreté, les sécheresses et leurs conséquences font que pour des milliers de personnes, quitter leur foyer n'est pas un choix, mais une nécessité pour survivre. Et la situation ne cesse de se dégrader. Si une meilleure politique migratoire est nécessaire, les causes profondes de ces crises ne pourront être traitées que par des engagements forts, au-delà de l’échelle régionale.