Réponse à la Crise alimentaire dans le Couloir Sec du Guatemala
Contexte : Crise alimentaire
Date de début : 28/05/2015
Date de fin : 31/12/2019
Zones d’intervention : 7 départements
- Chiquimula
- Baja Verapaz
- Quiché
- Sololá
- Quezaltenango
- Huehuetenango
- Zacapa
Activités :
- Numérisation des instruments de collecte
- Analyse et visualisation de données
270 communautés
9 097 familles soit 46 066 personnes bénéficiaires d’aide alimentaire
68 enquêteurs depuis 2015
Contexte
Le couloir sec guatémaltèque, qui s’étend sur plusieurs départements du centre du pays, est caractérisé par des sécheresses cycliques. En 2013, la rouille des caféiers, maladie fongique qui altère les feuilles, avait déjà fortement affecté les cultures de café provoquant une baisse de revenus pour les producteurs de près de 60%. Or depuis 2014, les conditions climatiques sont aggravées par les phénomènes El Niño et La Niña qui ont provoqué les pires sécheresses depuis des décennies.
Avec plus de 276 000 familles touchées par des problèmes d’insécurité alimentaire et de nutrition, le gouvernement avait déclaré l’état d’urgence dans 16 départements en mars 2015. Les populations les plus vulnérables étaient issues majoritairement des communautés rurales et indigènes.
L'impact de l'instabilité climatique a été amplifié par les faibles rendements agricoles - donc les faibles moyens de subsistance -, les inégalités et les déficiences des programmes de protection sociale, eux-mêmes exacerbés par une crise politique. Ce contexte national a plongé le pays dans une crise humanitaire de longue durée. La pauvreté a augmenté de 51% à 59,3% et la pauvreté extrême de 15,3% à 23,4% pendant la période 2006-2014, tandis que la malnutrition chronique touchait un enfant de moins de cinq ans sur deux.
En 2017, seul 10% de la consommation de base des foyers du couloir sec provenait de l’autoproduction, et dès le mois de septembre leurs stocks étaient déjà quasiment épuisés. Les prévisions 2018-2019 ont indiqué une persistance de la fragilité des moyens de subsistance et un accroissement des déficiences institutionnelles lié aux élections présidentielles de 2019.
Le consortium d’organisations humanitaires
Afin de répondre à cette crise humanitaire, Télécoms Sans Frontières s’est associé depuis 2015 à un consortium d’organisations internationales. Financées par la Protection Civile et Opérations d'Aide Humanitaire Européennes (ECHO) et menées par Acción Contra el Hambre (ACH), cinq ONG ont mis en commun leur expertise afin de renforcer le programme d’aide alimentaire Operation Opportunity lancé par le gouvernement guatémaltèque, et d’atténuer les problèmes causant ou aggravant la crise humanitaire liée à la sécheresse.
En 2015 et 2016, le Consortium a mis en œuvre un projet permettant d’assister financièrement le plus grand nombre de familles en situation de vulnérabilité extrême et aux besoins nutritionnels élevés.
Un processus de sélection minutieux, en coordination avec le Secrétariat de la sécurité alimentaire et nutritionnelle (SESAN), les municipalités et les communautés, a permis d’identifier les bénéficiaires. La détermination et l’application des critères de sélection ont été évaluées de manière participative par tous les acteurs associés au projet.
Le Consortium se concentre sur cinq activités principales :
- des transferts économiques aux ménages en extrême vulnérabilité ;
- le suivi de la situation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le couloir sec ;
- la transmission des pratiques de résilience aux communautés ;
- la recherche de cas de malnutrition aiguë chez les enfants pour suivi de leur traitement ;
- la mise en place un plaidoyer efficace basé sur des indicateurs vérifiés.
Au cours de l'année 2016-2017, le système de santé et les programmes de protection sociale se sont effondrés en raison de la rareté des ressources.
Le Consortium a donc maintenu son aide humanitaire au cours des trois dernières années. Les actions précédentes ont démontré un impact favorable avec le maintien d’une consommation alimentaire acceptable des bénéficiaires pendant la saison de la faim, et avec la transmission aux agriculteurs de bonnes pratiques agricoles.
TSF a fourni au Consortium une solution technologique, basée sur des systèmes open source, pour la gestion et le suivi des informations du programme. Le rôle de TSF était de :
- déterminer l'équipement le plus approprié pour le terrain ;
- configurer la collecte, l'administration et les moyens de visualisation ;
- former les collecteurs de données et les administrateurs ;
- fournir un support technique durant toute l'action.
Numérisation des évaluations et du monitoring pour la provision de subsistance
TSF a développé un outil mobile interfacé sur ODK pour tablettes, utilisé par les membres du Consortium dans les zones identifiées afin de collecter les informations nécessaires pour :
- la sélection des bénéficiaires dans la transparence vis-à-vis des bénéficiaires eux-mêmes, des communautés, du gouvernement et des bailleurs ;
- l’établissement d’une ligne de base de référence ;
- le monitoring des conditions de sécurité alimentaire des bénéficiaires grâce au calcul des indicateurs de mesure tels que définis par le Programme Alimentaire Mondial (PAM).
L’objectif de ce formulaire est de connaître la situation initiale en termes de sécurité alimentaire et nutritionnelle pour identifier les familles bénéficiaires. Les informations recueillies portent sur la disponibilité, l'accès et la consommation alimentaire, les stratégies de survie et l'état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans.
Initialement prévu en version papier, le développement de cette solution numérique a permis de fluidifier le travail et de palier à de nombreux problèmes à différents échelons :
- collecter des informations et les envoyer en temps réel ;
- calculer les indicateurs et générer un rapport en temps réels ;
- rendre le processus de sélection plus transparent en informant les familles instantanément de leur éligibilité et en leur expliquant les raisons ;
- éviter les erreurs de lecture lors de la transmission du formulaire entre enquêteurs et administrateurs ;
- suivi du flux d'informations en temps réels par les administrateurs ;
- générer instantanément des rapports complets, des cartes et des bases de données pour une analyse plus approfondie ;
- informer le public grâce à une carte interactive en ligne présentant les informations récoltées.
Le traitement de l'information est mené à travers des programmes statistiques spécifiques. Le calcul automatique de ces indicateurs permet au Consortium d’identifier la situation instantanément et ainsi de mettre en place des actions complémentaires si nécessaire afin d’atteindre la ligne de base pour chaque foyer bénéficiaire.
Ce formulaire ODK a évolué depuis 2015 en fonction des retours terrain, et il est régulièrement adapté afin de rester au plus proche des activités et de l’évolution de la situation, et donc des besoins.
Tableau de bord informatif
Les différentes données collectées parmi les foyers sont centralisées sur une plateforme numérique rassemblant plusieurs types d’informations : cartes interactives des données terrain basées sur les indicateurs de sécurité alimentaire, graphiques, statistiques et matériels de communication. Des fonctionnalités de cartographie complexes, avec chronologie, mises à jour dynamiques, multi-calques, etc., ont été développées afin de permettre une visualisation globale de l’évolution des indicateurs depuis le début du programme.
La plateforme permet ainsi une meilleure coordination et gestion institutionnelle de l'information en créant des outils de suivi communs. Enfin, cet outil offre un moyen de lutter contre clientélisme ou politisation de l'utilisation de l'aide humanitaire en mettant à disposition des informations régulières sur l'impact du programme et son évolution.
Ces outils technologiques ont contribué à la priorisation des bénéficiaires, à la détermination des bases de référence et au suivi permanent à long terme de la sécurité alimentaire et des conditions nutritionnelles dans les communautés, permettant également une visualisation rapide des informations pouvant être partagées en ligne pour les activités de plaidoyer.
Depuis 2015, les cinq ONG du Consortium ont utilisé la solution TSF pour intervenir dans 270 communautés dans sept départements auprès de 9 097 familles, qui représente 46 066 personnes.
TSF s’inscrit dans une démarche de transfert de cet outil abouti vers des acteurs locaux clés afin de permettre une mise à l’échelle du programme au niveau national.