Ouragan Gustav
Contexte : Ouragan
Date de début : 03/09/2008
Date de fin : 04/10/2008
Zones d’intervention : deux villes
- Port-au-Prince
- Gonaïves
Activités :
- Centres télécoms
- Évaluations télécoms
- Soutien UNDAC
- Opérations de téléphonie humanitaire
11 250 Mo de données échangées par les travailleurs humanitaires
1 514 familles bénéficiaires d’appels
50 utilisateurs / jour dans le centre télécoms aux Gonaïves
Contexte
Du 16 août au 7 septembre 2008, Haïti a été traversé par quatre ouragans et tempêtes tropicales (Fay, Gustav, Hanna et Ike), laissant dernière eux un bilan humanitaire marqué par plus de deux cent décès, des destructions massives et un état général de désolation. Dans un pays où l’autosuffisant atteint à peine 50 % et où 70% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, les conséquences de ces catastrophes sont dramatiques.
Le 26 août, l’ouragan Gustav, classé en catégorie 4 avec des vents allant jusqu’à 240km/h, a ravagé les zones côtières, faisant plus de 80 morts.
La zone la plus touchée était la ville Les Gonaïves au Nord du pays, qui avait déjà été lourdement touchée en 2004. Sur 300 000 habitants, au moins 250 000 avaient besoin d’une assistance immédiate. La commune des Gonaïves a rapidement été convertie en principal foyer pour les organisations humanitaires (ONG et agences des Nations unies), coordonnées depuis Port-au-Prince.
Déploiement
A la demande du Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations unies (OCHA), une première équipe de Télécoms Sans Frontières est arrivée à Port-au-Prince depuis la base opérationnelle de Managua, le 3 septembre. Une deuxième a été déployée le lendemain depuis le siège international suivie d’une troisième équipe le 17 septembre.
Dans un premier temps, TSF a fourni un support technique (télécoms et informatique) aux Equipes pour l'Evaluation et la Coordination en cas de Catastrophes des Nations unies (UNDAC).
Centres Télécoms
OSOCC de Port-au-Prince
L’OCHA a mis en place un centre de coordination des opérations sur le terrain (OSOCC) à Port-au-Prince afin de gérer la crise depuis la capitale dès le 3 septembre. L’OSOCC était le point focal pour l’échange d’informations de tous les acteurs humanitaires présents (partage d’informations, réunions sectorielles et générales, etc.). TSF y a apporté soutien technique durant les 15 premiers jours de l’urgence :
- mise en place des équipements nécessaires au bon fonctionnement (imprimante, scanner, téléphones, etc.) ;
- gestion de l’extension du réseau local ;
- mise en place du système d’information Groove afin de faciliter l’échange d’information entre les membres UNDAC, OCHA et le bureau du Coordinateur Résident.
Centre de la MINUSTAH
Avec le soutien de la Protection Civile et Opérations d'Aide Humanitaire Européennes (ECHO), TSF a déployé un centre télécoms d’urgence pour la communauté humanitaire dans les locaux de la Mission des Nations unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), le 5 septembre. Intégré dès le début à l’OSOCC, les principales activités du centre étaient :
- fournir une connexion internet fiable et haut débit dans l’urgence ;
- fournir une ligne téléphonique par satellite pour pallier aux défaillances du réseau GSM ;
- fournir de services annexes (impression, scanner, fax, photocopie, etc.) ;
- assurer le soutien technique à toute la communauté humanitaire (configuration d’ordinateurs, d’équipements télécoms, conseils, etc.) ;
- soutien technique général de l’équipe UNDAC afin d’améliorer la coordination globale (mise en place d’une salle de réunion avec vidéoprojecteur) ;
- prêt de GPS pour les évaluations des équipes UNDAC ;
- appui pour la cartographie des abris aux Gonaïves.
«Très impressionnant et utile. Cela a été un réel atout pour toute la coordination nécessaire au sein de l'organisation et avec d'autres [...] d'autres ONG comme celle-ci sont nécessaires dans une telle situation, » témoignait l’ONG AMURT Haïti.
Jusqu’au 1er octobre, le centre télécoms TSF a assuré un lien indispensable à la trentaine d’organisations bénéficiaires. Cette connexion permettait aux travailleurs humanitaires d’être en contact aussi bien avec leurs bureaux à Port-au-Prince qu’avec leurs sièges à l’étranger. En moyenne, 50 représentants d’organisations humanitaires par jour ont bénéficié de la connexion Internet par satellite de TSF et de l’assistance technique.
Évaluations télécoms
Le 5 septembre, une évaluation complète de la situation télécoms aux Gonaïves a été réalisée par l’équipe de TSF héliportée sur place le même jour. Le passage du cyclone Ike durant le weekend du 6 et 7 septembre n’a pas engendré de dégâts supplémentaires sur l’infrastructure télécoms.
Un membre de TSF a assuré le soutien télécoms et logistique aux deux évaluations inter-agences. Les moyens télécoms fournis par TSF ont permis l’envoi rapide des rapports d’évaluation à Port-au-Prince, mais ont également servi à assurer la sécurité de ces équipes en cas de problème - Haïti étant classé zone 3 d’après la classification de l’ONU.
Du 9 au 11 septembre, une évaluation télécoms a été réalisée aux Cayes par UNDAC, WFP, MDM, Terre des Hommes, World Vision, DPC. Le 16 septembre, la deuxième évaluation a été réalisée aux Nippes par UNDAC, FACT Team, DPC.
Opérations de téléphonie humanitaire
TSF a mis en place des opérations de téléphonie humanitaire afin de permettre à ceux qui avaient tout perdu de donner des nouvelles à leurs proches et de solliciter leur aide. En raison des conditions de sécurité et des difficultés d’accès, Gonaïves étant encore sous les eaux, les opérations de téléphonie ont démarré le 16 septembre.
Afin de toucher le plus grand nombre de personnes, TSF s’est concentrée sur les plus importants centres d’accueil et s’est installée au niveau des lieux les plus fréquentés durant la journée comme les places principales, marchés ou centres de soins. L’équipe mobile s’est donc déplacée d’abri en abri en couvrant généralement deux centres par jour.
Chaque famille a pu bénéficier gratuitement d’un appel de trois minutes dans le monde entier. Au total plus de 1 500 familles ont pu contacter leurs proches. Plus de 80% des appels étaient vers l’étranger dont 90% vers les Etats- Unis, mais également vers la République Dominicaine, les Bahamas, la France ou le Canada.
Le réseau GSM était partiellement disponible après les cyclones et de nombreux habitants de Gonaïves disposaient de téléphones mobiles, mais les coupures d’électricité empêchaient de les charger. De plus, ils n’avaient souvent pas assez d’argent pour appeler à l’étranger, un appel de 3 minutes vers l’étranger coutant environ $3,50, soit 135 Gourdes. A titre indicatif, une tasse de riz (la mesure utilisée localement) coute 35 Gourdes, soit environ $1. Pour ces populations anéanties par la crise alimentaire et par ces catastrophes naturelles à répétition, l’accès aux lignes téléphoniques de TSF signifie non seulement le réconfort de parler à ceux qui leur sont chers, mais également l’opportunité de faire appel à l’aide financière de leur famille ou amis par l’intermédiaire de Western Union.
Une habitante de 53 ans a pu appeler son père à Miami pour la première fois depuis un mois. Même si son père ne pouvait lui envoyer de l’argent, elle était heureuse de pouvoir lui donner des nouvelles. « Rien que d’entendre le son de sa voix, vous m’avez donné trois minutes de bonheur », nous a-t-elle témoigné.
Fin septembre, la phase de première urgence en télécommunications était terminée aux Gonaïves : les sinistrés pouvaient désormais notamment recharger leurs mobiles et se faire appeler depuis Haïti et de l'étranger.
Avant son désengagement, TSF s’est assurée que des solutions alternatives existaient afin d'avoir une connexion internet. Certaines organisations avaient eu le temps de déployer leurs propres moyens de communication - les cartes GPRS permettant de se connecter via le réseau mobile, fonctionnaient et un cybercafé était à nouveau ouvert en ville. Afin d’assurer à toutes les organisations humanitaires une connexion Internet, TSF s'est coordonné avec le Programme alimentaire mondial (PAM), leader du Working Group en télécommunications d'urgence, pour qu'il prenne le relais. La connexion de TSF a alors été remplacée par celle du PAM au Compound MINUSTAH afin de laisser le temps à toutes les organisations d'être autonomes en matière de communications.