Réponse d'urgence Irak

Seconde guerre du Golfe

2003
Publié le 16/04/2003 02:00  -  Modifié le 09/07/2019 16:57
Programme de téléphonie humanitaire en faveur de la population irakienne et de soutien logistique en télécommunications aux organisations humanitaires locales et internationales en Irak.

Fiche technique
Contexte : Déplacement de population
Date de début : 16/04/2003
Date de fin : 26/09/2003
Zones d’intervention :

  • Bagdad
  • Baquba (Province de Djala)
  • Hillah (Province de Babylone)
  • Kerbala (Province de Kerbala)
  • Ar Rutbah (Province d’Anbar)
  • Samarra (Province de Salah al Din)
  • Kut (Province de Wasit)
  • Diwaniya (Province d’Al Qadissiya)
  • Mahmoudia (Province de Bagdad)

Activités :

  • Centres télécoms
  • Soutien technique radio
  • Opérations de téléphonie humanitaire
  • Recherche de familles

82 organisations bénéficiaires
502 connexions Internet
5 817 Mo de données transférées
135 journées de téléphonie
9 734 appels à l’étranger offerts
116 588 bénéficiaires d’appels

Contexte

En février-mars 2003, les États-Unis et leurs alliés ont lancé sur l’Irak des opérations de bombardement sur des cibles stratégiques. A Bagdad, le ministère des télécommunications et le central international ont été parmi les premiers touchés. Les réseaux téléphoniques fixes, au fonctionnement déjà incertain avant le conflit, ont été détruits et ne fonctionnaient plus sur 15 des 18 régions irakiennes. Par ailleurs, le réseau électrique a été fortement endommagé sur une grande partie du territoire ce qui a empêché l’utilisation du réseau embryonnaire de télécommunications mobiles.

Les Irakiens ne pouvaient plus passer d’appels locaux, nationaux ou internationaux, et se retrouvaient ainsi isolés du reste du monde. Or, il existait une importante diaspora irakienne et donc une demande conséquente de la population d’appeler à l’étranger. De plus, il y avait une importante demande en matière de télécommunications de la part des organismes de secours et en particulier des organisations locales.

Déploiement

Télécoms sans Frontières a suivi les événements de près et a donc décidé d’intervenir en Irak pour y ouvrir des centres de télécommunication afin d’apporter des solutions aux problèmes de communication, identifiés comme prioritaires en Irak.

Avec le soutien de la Protection Civile et Opérations d'Aide Humanitaire Européennes (ECHO), trois équipes de TSF se sont déployées à Amman en Jordanie pour une phase de préparation logistique. Puis elles ont rejoint la ville irakienne d’Ar Rutbah le 24 avril avant d’atteindre Bagdad le 28 avril.

Carte Irak

Centres télécoms

TSF a rejoint Bagdad où, avec le soutien logistique de la Fédération Internationale des Croix Rouge et  Croissant Rouge, elle a ouvert un centre télécoms à destination des ONG et de la population. D’abord situé dans le quartier d’Al Mansur, le centre télécoms a été transféré le 15 juin dans les locaux du NGO Coordination Committee in Iraq (NCCI), dans le quartier de l’Université de Technologie, afin de renforcer son action.

Le centre a longtemps été le seul accès public à Internet. Il proposait aux ONG des connexions internet par satellite et les services suivants:
- service d’email et connexion permanente à Internet ;
- lignes téléphoniques satellitaires ;
- fax ;
- assistance technique radio (programmation de fréquences, installation de relais…) assurée par un technicien radio TSF ;
- service de vidéoconférence haute qualité H320/323 ;
- équipement bureautique complet (PC portables, Softwares bureautiques, Imprimante, Scanner, Graveurs de CD…) ;
- service de prêts temporaires de téléphones satellites (pour des missions exploratoires par exemple…) ;
- assistance technique permanente par du personnel qualifié et possibilité de programmer les ordinateurs des ONG pour les relier au réseau
- Prêt de matériel.

Le centre ONG était souvent le seul lien avec le monde extérieur pour les petites ONG qui n’étaient pas équipées en matière de télécommunications. Plusieurs ONG plus importantes se sont tournées vers le centre TSF pour effectuer leurs transferts de fichiers volumineux, impossibles sur les liaisons par téléphone satellite.

Les services offerts par TSF ont assuré une meilleure coordination des organisations entre elles et avec leur siège et leurs partenaires, ainsi qu’une meilleure sécurité, accélérant ainsi la mise en place de leurs programmes.

Grâce à ce soutien technique, des associations telles que CARE, Médecins du Monde, ATLAS Logistique, HELP AGE International, Première Urgence, Handicap International, Croix Rouge Française coordonnent de manière plus efficace leurs activités. Chaque jour, une quinzaine d’ONG en moyenne faisaient appel au soutien de TSF. Dans le cadre de ce projet, TSF a au total soutenu plus de 80 organisations.  

Devant le nombre croissant d’incidents de sécurité et en particulier d’actions visant les civils et le personnel humanitaire, TSF a décidé de mettre un terme à son activité de centre télécoms le 26 septembre.

Soutien technique radio

L’activité de radio a été très importante lors de ce projet, car elle était indispensable pour pouvoir suivre à tout moment les mouvements du personnel et assurer ainsi leur sécurité. Étant donné la situation d’instabilité du pays, il était vital pour les ONG de s’équiper en radio VHF et le travail du technicien radio de TSF était ici essentiel.

L’activité radio s’est faite en parfaite collaboration avec l’équipe FITTEST (Fast IT and Telecommunications Emergency and Support Team) des Nations unies, TSF étant en charge de toutes les demandes des ONG :
- Plus de 75 interventions radio ont eu lieu dont plusieurs installations dites lourdes, c'est-à-dire installation de relais, de bases véhicules etc. ;
- 35 ONG ont utilisé la fréquence de l’ONU dont 29 ont bénéficié du soutien du technicien radio TSF ;  
- 140 handsets ont été programmés par le technicien radio TSF (canaux UN, canaux ONGs pour celles qui disposaient de leur propre relais).

Des formations étaient généralement données de manière informelle même si quelques ONG ont souhaité les intégrer de manière plus officielle dans leur programme de formation du personnel et dans le cadre des plans de sécurité.

Opération de téléphonie humanitaire

Dès son arrivée dans la ville irakienne d’Ar Rutbah, coupée du reste du monde depuis le début du conflit, TSF a mené des opérations de téléphonie qui ont permis à la population de reprendre contact avec leurs proches à l’étranger.

Suite à l’ouverture du centre télécoms à Bagdad, des opérations pour la population y ont été organisées les après-midi. Pour permettre aux populations, aux hôpitaux et aux organisations humanitaires se trouvant dans les autres régions irakiennes n’ayant pas accès au téléphone de bénéficier de ces mêmes services, des équipes itinérantes munies de matériel satellite mobile ont sillonné le pays et se sont établies dans les zones où les besoins étaient recensés comme les plus pressants.

Au total, 24 pôles de téléphonie ont été installés à Bagdad et 6 dans des différentes villes à travers le pays. Ces pôles ont eu une durée variable entre 3 et 12 jours et étaient généralement ouverts de 9h à 14h, tranche horaire offrant le plus de sécurité et les meilleures conditions de travail pour les bénéficiaires et les équipes TSF. Chacun de ces pôles ont offert une moyenne de 80 appels, certains atteignant plus de 200 appels dans la journée.

Ce service visait avant tout les populations les plus vulnérables et les plus démunies. Pour la grande majorité, les appels ont eu pour destination le Koweït, les Etats-Unis, l’Allemagne, la Jordanie, la Syrie et les Emirats Arabes Unis. Au total, ce sont plus de 6 heures de communications qui ont été effectuées chaque jour.

Malheureusement, des incidents de sécurité ont obligé TSF à évacuer les pôles de téléphonie trois fois en l’espace d’un mois et demi avec des conséquences évidentes sur le bon déroulement du projet. La situation a empiré au point où TSF ne pouvait plus correctement mener cette activité, devant constamment reporter voir annuler les visites de mise en place, de recrutement des volontaires, de suivi de l'activité. TSF a donc été contrainte fin août de mettre un terme à l’activité de téléphonie.

Financement

Avec le soutien de