Séisme d'Haïti
Contexte : Séisme
Date de début : 13/01/2010
Date de fin : 28/02/2010
Zones d’intervention : 9 villes et communes dans 2 départements
- Port-au-Prince, département Ouest
- Léogâne, département Ouest
- Carrefour, département Ouest
- Lacul, département Ouest
- Gressier, département Ouest
- Petit Goave, département Ouest
- Grand Goave, département Ouest
- Jacmel, département Sud-Est
- Bainet, département Sud-Est
Activités :
- Évaluations télécoms
- Renforcement de la coordination
- Opérations de téléphonie humanitaire
7 centres télécoms
+100 agences & ONG soutenues
1 300 acteurs de l’urgence aidés
218 Go de données consommées par les acteurs de l’urgence
755 heures de communication voix offertes
10 600 appels offerts à la population sinistrée
+60 000 personnes reconnectées
100% d’appels internationaux
Contexte
Le 12 janvier 2010, un puissant tremblement de terre de magnitude 7 sur l’échelle de Richter a frappé l’ouest d’Haïti, à 17 km au sud-ouest de la capitale Port-au-Prince. Trois millions de personnes ont été affectées dans les départements de l’Ouest, du Sud-est et de Nippes. Les zones les plus touchées étaient la capitale Port-au-Prince (PaP), ainsi que les villes de Carrefour, Gressier, Léogâne, Petit Goave, Grand Goave et Jacmel.
Le 13 février, le gouvernement haïtien annonçait le triste bilan de 222 500 morts, 300 000 blessés et 1,2 million de sans-abris. 467 701 personnes ont fui la capitale et ont trouvé refuge dans leurs familles hors des zones affectées (Artibonite, Centre, Grande Anse). La situation était alarmante le long de la frontière avec la République Dominicaine où un nombre considérable de personnes déplacées (170 000) a amplifié la vulnérabilité des communautés locales. En termes de perte en vies humaines, ce séisme représente la pire catastrophe pour les organisations humanitaires de ces dernières décennies.
Le séisme a profondément affaibli la capacité de réponse du gouvernement par la destruction des bâtiments gouvernementaux, notamment l’effondrement du Palais Présidentiel qui a épargné de justesse le Président Preval et le Premier Ministre Bellerive.
De même, les agences des Nations Unies, et plus particulièrement la Mission de Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), ont été durement touchées par l’effondrement de leurs sièges à Port-au-Prince et la mort de leur Chef et de son adjoint.
Par ailleurs, les infrastructures vitales ont été endommagées ou détruites : hôpitaux, écoles, moyens de transport (air, mer, terre), télécommunications, chaînes d’approvisionnement… Durant les deux premières semaines de la réponse, le manque de transports et d’essence, le blocage des principaux axes routiers, notamment autour de l’aéroport, ainsi que l’instabilité au niveau de la sécurité, ont été des défis importants pour la délivrance de l’aide.
Déploiement
Alertée une heure après le séisme, une première équipe de Télécoms Sans Frontières a été déployée depuis la base Amériques Caraïbes et a été opérationnelle sur le terrain dès le lendemain du drame. Une deuxième équipe venue du siège international en France est arrivée sur place le 15 janvier.
Durant plus de six semaines, grâce au soutien de l’organisme pour la Protection Civile et Opérations d'Aide Humanitaire Européennes (ECHO) TSF a appuyé les populations en menant des opérations de téléphonie humanitaire et s’est mis au service de la communauté humanitaire en installant des centres de télécommunications haut débit dans des pôles de coordination stratégiques.
Évaluations Télécoms
Une première évaluation télécom a été effectuée dans les bâtiments de l’aéroport le lendemain du désastre. Les lignes terrestres et GSM étaient détruites. Dès son arrivée sur le terrain, TSF a fourni un soutien informatique et technique et des connexions satellites pour la communauté humanitaire basée à l’aéroport.
Des évaluations plus approfondies de la situation télécom à Port-au-Prince et aux alentours, rendues possibles par un accès plus facile à ces zones affectées, ont révélé des dommages considérables au niveau des infrastructures de télécommunications et d’électricité :
- effondrement de nombreuses tours et antennes GSM situées en haut des immeubles ;
- réseaux de télécommunications terrestres perturbés ;
- les services des fournisseurs de téléphonie mobile étaient gravement affectés ou saturés.
L’unique connectivité data par fibre optique d’Haïti reposait sur les liaisons intercontinentales (câbles) ; celles-ci ayant été interrompues, les fournisseurs d’accès locaux n’étaient plus opérationnels.
Renforcement de la coordination humanitaire et nationale
Dès leur arrivée, les équipes de TSF ont assisté les travailleurs humanitaires en installant des connexions haut-débit dans les centres de coordination stratégiques au bénéfice de toute la communauté : agences des Nations unies, Commission européenne, ONG locales et internationales et autorités locales. Des connexions téléphoniques et Internet ont été spécialement dédiées au Président de la république et au Premier Ministre.
Les équipes TSF ont fourni des moyens informatiques et télécoms et assisté les organisations basées aux :
- centre des opérations UNDAC au camp Search and Rescue (SAR) à l’aéroport de Port-au-Prince connecté le 14 janvier jusqu’à sa fermeture le 23 janvier ;
- base logistique (LogBase) de la MINUSTAH, principal hub humanitaire de Port-au-Prince, connecté le 14 janvier – Le Cluster en Télécommunications d’Urgence (ETC) des Nations unies a pris le relais le 8 février – Les équipements TSF ont fonctionné jusqu’au 24 février (utilisés en cas de besoin) ;
- camp français inter-agences de Port-au-Prince connecté le 2 février jusqu’à sa fermeture le 1er avril ;
- Centre de Coordination des Opérations sur le Terrain (OSOCC) à Jacmel, hub secondaire connecté le 28 janvier jusqu’au 11 février ;
- Centre de Coordination des Opérations sur le Terrain (OSOCC) de Léogâne, hub secondaire, connecté le 8 février jusqu’au 17 février.
TSF a également soutenu les autorités haïtiennes :
- le 15 janvier, TSF a installé une connexion data (BGAN) dans l'immeuble accueillant le Président, le Premier Ministre, et les Ministères (bâtiment de la DCPJ) ;
- le 25 janvier, TSF a installé des connexions au siège de la Police Nationale Haïtienne. TSF a remis la connexion à un fournisseur d'accès local le 23 février.
Les services suivants ont été fournis :
- accès Internet (BGAN, VSAT, ISP) ;
- réseau Wifi sécurisé ;
- serveur Proxy HTTP (authentification, cache et monitoring) ;
- téléphones satellites (BGAN et MiniM) ;
- ordinateurs portables ;
- Imprimantes, scanners, fax ;
- Des téléphones mobiles ont également été distribués aux membres UNDAC.
Depuis le début de la catastrophe, la coordination et les centres de secours ont eu une activité incessante et la mobilisation des acteurs de l’urgence a été très forte. TSF a dû adapter son soutien en fonction des demandes et des besoins de la communauté humanitaire.
Durant toute la mission, les équipes TSF ont fourni un appui technique continu aux acteurs humanitaire via les services d’assistance (helpdesks) en réalisant des activités allant d’opérations de base (configurer des connexions sans fil ou d’imprimantes, résoudre des problèmes sur du matériel informatique ou des logiciels, liés à des virus...) à des opérations plus poussées (mise en place de BGANs et VSATs, comme par exemple la VSAT d’UNICEF, de connexions sans fil, installation complète de bureaux terrain…).
Au moins trois techniciens informatiques étaient basés en permanence dans le camp LogBase afin de fournir un appui technique continu.
Opérations de téléphonie humanitaires
La population sinistrée s’était rassemblée dans les espaces publics (places, parcs, terrains de football, jardins). Dans les camps, il n’y avait ni eau, ni nourriture, les conditions sanitaires étaient déplorables.
Quatre à cinq équipes d’urgence de TSF se sont rendues quotidiennement dans les camps des régions affectées de Port-au-Prince, Jacmel, Carrefour, Léogâne, Lacul, Bainet, Gressier, Petit Goave et Grand Goave pour ouvrir des centres d’appel. TSF s’est focalisée sur les camps les plus importants (au moins 300 familles). Les camps les plus gros, comme Champ de Mars à Port-au-Prince ou Adventistes à Carrefour, ont nécessité deux ou trois jours de présence pour pouvoir couvrir la totalité des besoins.
Plus de 600 camps ont été identifiés. La sélection des sites a été en partie assurée par les volontaires locaux, en utilisant les images satellites (Google Earth, Unosat) ou en échangeant des informations avec les autres organisations impliquées dans la gestion des camps de réfugiés. La veille de l’installation d’un site de téléphonie, chaque équipe était chargée, dans la mesure du possible, de l’évaluation du lieu.
Une fois le centre établi, TSF a offert aux civils affectés, grâce à des téléphones satellites, des appels gratuits vers la destination de leur choix. Les centres de téléphonie étaient généralement ouverts de 10 heures le matin à 17 heures. Les volontaires locaux se déplaçaient dans le quartier avec un mégaphone pour informer les populations du service offert par TSF. Les radios FM (RFI, Radio FM, Radio Tropic) ont régulièrement été utilisées pour diffuser l’emplacement des sites de téléphonie du jour suivant.
« Grâce à TSF, j’ai pu joindre mon oncle au Venezuela. Il était essentiel de lui donner des nouvelles de la famille, de lui dire que nous étions vivants. Pour moi, le plus important pour continuer à vivre est de garder un lien avec la famille, quelle que soit la situation. »
Shirley Lafleur, 24 ans, réfugiée dans le camp de Delmas 42.
A la mi-février, avec le rétablissement des télécommunications locales, 80% des civils affectés avaient contacté un proche. Le 22 février, TSF a mis fin à ses opérations de téléphonie.